Journal de l'avent pour mon ex

En décembre 2021, après une relation "compliquée" d'un an et demi avec un homme violent, je décide d'arrêter le care et la bienveillance avec lui.
La honte doit changer de camp. Je suis en colère et pour une fois je décide de l'exprimer. Alors chaque jour jusqu'à Noël, je lui envoie un message pour lui en faire part. C'est plein de TW. Alors j'y accole des photos de montagnes pyrénéennes pour qu'on se rappelle les grands espaces et ce que c'est de respirer.
C'est le calendrier de l'avent de mon ex.

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Le 6 décembre

[TW]

Au téléphone, tu me disais que je ne t'avais pas expliqué, aidé à être un meilleur amoureux. Dans Sexisme: une affaire d'hommes de Valérie Rey-Robert elle donne des conseils aux hommes à la fin. Le premier se résume à 'Fermez-la et écoutez nous'. Ça me rappelle lorsque j'avais essayé de communiquer sur les agressions sexuelles dont j'ai été victime il y a plus de 10 ans. Je ne voulais pas en parler parce que c'est dur, qu'il n'y en fait pas grand chose à dire et que c'est surtout de l'impuissance, de l'injustice et de la colère qui reste. Tu avais compris qu'il s'était passé quelque chose comme ça, mais tu insistait pour que je t'en parle comme si c'était une victoire pour toi que je ls partage avec toi. Mais en fait, c'est toujours revenu comme un reproche quand tu me criais dessus. La manière que j'avais trouvé pour ouvrir cette conversation, ça avait été de t'envoyer le témoignage que j'avais écris pour la police. Et tu ne l'avais pas supporté. Je me souviens de nous deux sur ce parking d'Intermarché, enfermé•es dans la voiture où tu cries, tu pleures que tu n'es pas ce monstre là. Tu voulais juste pas que cela te renvoyait, être cet homme là. Et je ne disais pas que tu l étais. Mais peut être qu au lieu de chercher ce qui vous différencie, tu aurais pu reconnaître ce qui était commun à vous deux.
La première fois que j'ai dis non ou en tout cas que je ne t'ai pas suivi dans ton envie sexuelle, tu as claqué la porte de colère.
Il y avait aussi des moments où tu étais opressif, t agitant pour que l'on fasse comme tu l'entendais, toi aussi tu m'as mis une pression sexuelle, tu m'as contrainte.
Alors à chaque fois que tu me faisais part de tes avancées sur le féminisme me disant que les hommes sont des cons et de mauvaise compagnie, j'acquiescai.. et je me demandais: quand est ce qu'il va LUI se remettre en question?

🔥La honte doit changer de camp🔥

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Le 7 décembre

Tu es un menteur irrespectueux.

Tu me dégoûtes.

[La honte doit changer de camp]

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Le 8 décembre

Combien de fois? Je ne saurais les compter... Combien de fois tu m'as enfermé dans ce que tu pouvais nommer des disputes, et qui étaient de réelles prises d'otages verbales? Où je te demandais, je pense même t'avoir déjà supplié d'arrêter, qu on en parle plus calmement plus tard. Je voulais respirer. Et Où tu poursuivais ton oppression allant sur des chemins incohérents, cherchant, voulant, insistant pour que je doute de moi, me remettent en question. Où tu criais, pleurais, deversais en flot ta haine contre moi. Me menaçant de me quitter si je quittais ce moment. Tu ne m'écoutais pas. Tu jouais d'une manipulation et d'un chantage pour m'avoir à ton écoute, pour m'épuiser, absorber mon énergie en m'imposant d'être la spectatrice d'un pathétique spectacle.
Ce que je sais c'est que de nombreuses fois, cela avait aussi lieu dans des espaces clos, ta voiture, la chambre, parce que tu es si pathétique que tu avais besoin d'un lieu clos, restreint, pour asseoir ton oppression et ton contrôle.

Sache que je n'ai jamais douté de moi. Et qu'aujourd'hui je ne doute pas que tu es un con irrespectueux.

🔥La honte doit changer de camp 🔥

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Le 9 décembre

Je te l'ai glissé une fois dans la salle de bain, dans un murmure: 'Tu as de la chance...' je n'ai jamais finis cette phrase.
Je voulais dire 'Tu as une chance inouïe d'être ainsi entouré et soutenu avec tous les problèmes, les traumas et les violences et les doutes que tu créés...'
A ce moment là j'étais un peu jalouse. Parce que je me sentais et j'étais très seule, justement dans ta violence. Je t'observais être avec les autres, charmant et tyrannique, enthousiaste et colérique, force d'idées et désorganisé, ne les prenant pas en charge ces idées. Tu étais tout ça à la fois. Un peu avec les autres, beaucoup avec moi.
Je ne suis pas jalouse, parce que ce que je sais c'est que cet entourage souvent bienveillant, soutenant toujours, tu ne le mérites pas.
Et moi, tout ce que j'ai fais pour toi, toujours au mieux mais jamais suffisant à tes yeux, tu ne le mérites pas.

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Le 10 décembre

Je repense à ce briefing 'Comment on gère les 'relous', en gros les mecs qui feraient des trucs pas du tout corrects avec les meufs, lors de ta soirée de soutien pour ton procès pour violences. Tu avais de la chance ces violences étaient contre un flic et donc considérées comme légitimes autour de toi (enfin pas du point de vue de la justice, j'y reviendrais).

J'ai eu envie de vomir, de crier, de hurler. Pas à cause de ce briefing bien sûr, mais de ta place dedans. À animer, a dire 'je prends un créneau de brigades anti-relou'.
Tu as refais le coup, parler avec une immense fierté de teuf où tu/vous coupez le son, pour dégager un gars pas correct.
Ça fanfaronne, ça fait le fier, ça montre la voie aux autres parce que c'est un peu le sujet en ce moment, n'est ce pas. Et ça terrorise sa meuf, parce qu en fait tu t'en fous et que tu es un sale con.
Quelle hypocrisie ! Dégueulasse cette hypocrisie.

[La honte doit changer de camp]

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Le 11 décembre

Irène Théry explique que d'une certaine manière, comme le jeu a changé dans le couple, il faut aussi en changer les règles. Et qu'il faut en parler, et que cela tarde à se faire.
Nous avons tenté je crois, mais cela avait tendance à trop se focaliser sur les possibilités de relations sexuelles avec d'autres. Ce n'était pas la priorité, cela n'a jamais été la mienne. Et c'était une manière pour toi de toujours me refaire savoir ton insatisfaction et aussi, de remuer mes traumas.
Parce que si tu avais écouté mes traumas laissés et cristallisés autour des viols d'un de mes exs il y a plus de dix ans, de cette intégration dans le corps et l'esprit que l'on peut avoir en tant que femme de se forcer, d'avoir peur de se faire jeter si on ne couche pas, d'avoir notre valeur calibrée sur le sexe, de la douleur, la difficulté et la peur de dire .. que des fois on préfère ne rien dire, du corps qui se souvient, se raidit, et ne dors pas car il faut de la vigilance lorsqu'on est accompagnée, est ce que tu aurais tapé dans une porte de frustration ? Tu m'aurais reproché de ne pas coucher avec toi? Tu aurais continuer de te coucher sale, d'avoir les ongles noires et mal coupés? Tu aurais attendu du sexe comme on appuie sur play sur Netflix? Tu aurais fais cette 'blague' sur le viol à ton coloc, puis tu m'aurais crier dessus alors j'essayais de gérer, de respirer, la violence que m'avait fait ces mots? 'Une blague qui ne m'est destinée'. Le viol, la contrainte physique, j'y suis destinée en tant que femme, si on ne la pas toute vécue, on en a toute peur. Et à ton anniversaire tu m'aurais dit 'J'ai envie de toi, je sais que toi non, mais moi j'ai envie' en me touchant les fesses et puis concession faite, tu m'aurais dit 'J'aime tellement te pénétrer' ?

[La honte doit changer de camp]

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Le 12 décembre

Cela peut paraître anecdotique. Ton rapport aux objets, au matériel que tu possèdes avec impulsivité, pour te faire valoir, que tu n'aimes pas partager, que tu laisses traîner, oublie, casse. Parce qu'au delà de ton propre intérêt égocentrique, tu n'en as rien à foutre.
Ce rapport aux objets, tu as le même avec les êtres vivants qui t entourent.

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Le 13 décembre

La lutte. Tu en fait un principe de vie. Rappelant combien de sacrifices cela te conduit à faire, qui sont autant d'excuses illégitimes pour maltraiter ton entourage. Parce que tu te présentes comme un sauveur sacrificiel, presque un martyr, pour aider des inconnu•es, tu écrases celleux à tes côtés. Parce qu au final tu fais ça pour toi, te faire valoir et que ça dirige le regard ailleurs que sur toute la merde que tu fais. Que d'incohérence pathétiques !

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Le 14 décembre

A, S, T, L, L et toutes celles que je ne connais pas.
Des le début, tu as entretenu avec beaucoup de malhonnêteté (et parfois un fétichisme absurde) une rivalité avec d'autres meufs. Et moi. Tu jouais de ton charisme, de ta séduction sans vouloir assumer les conséquences, multipliant les mises en concurrence pour ton propre intérêt égoïste, asseoir ton pouvoir, contrôler, disposer de l'autre. Mais jamais considérer. Comme si au final nous étions interchangeables, simple faire valoir pour combler tes insécurités.

[La honte doit changer de camp]

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Le 15 décembre

Tu exigeais de la confiance, de la valorisation, de la disponibilité. Je ne pouvais pas compter sur toi. Aucune décision n'était assurée, tu pouvais tout remettre en question selon tes propres intérêts. De toute façon tu ne m'écoutais pas. Il fallait se plier à tes envies volatiles pour éviter ta frustration. Tu pleurais et criais que je ne te faisais pas confiance. Comme si tu l'a méritais.
Tu es un danger pour les autres, égoïste, lâche et malhonnête. Tu ne mérites pas qu'on te fasse confiance.

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Le 16 décembre

Hier je te disais que tu ne m'écoutais pas. A ne pas vouloir m'écouter, servir ton propre ego, tu m'as mise en danger, physiquement.
Souviens toi en montagne. C'est vrai que c'est une ineptie d'attendre un peu de sécurité de ta part. Surtout qu'à chaque fois que tu pars en montagne tu manques de mourir. Et entraîne les autres avec toi.

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Le 17 décembre

Je repense souvent à ces journées. Je n'ai pas assez de doigts sur ma main pour les compter. Ces journées qui n'existaient pas vraiment, qui n'étaient que des lendemains. Parce qu'après tes 'crises' de cris, d oppression, de reproches, j'avais besoin de récupérer. Sous le choc et la sideration, de manière répétée je ne bougeais plus. Et souvent quand même, quand tu revenais comme s'il ne s'était rien passé, je t'accueillais avec le sourire, espérant que cela ne recommence pas.

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Le 18 décembre

Et la violence que tu m'as montré, qui est monté crescendo. Claquer une porte, me crier dessus, me regarder avec haine, et t'approcher imposant, me crier dessus encore, te suspendre à la fenêtre et prendre le risque de tomber, m'empêcher de passer, m'empêcher et refuser d'arrêter une conversation, me pousser, freiner brusquement sur la route, me hurler dessus en montagne quand j'ai peur, me saisir le bras, m'empêcher de sortir de la chambre.
Quoique tu en dises, quelque soit tes explications, tu voulais dominer, me dominer. Et ça me dégoûte et je me dégoûte d'avoir accepté ça.
Tu dis que je n'ai plus d'espoir, plus d'amour. Tu crois que c'est quoi qui m'a retenu, en plus de ton oppression, pendant un et demi? C'est juste que j'ai décidé qu'il fallait que ça s'arrête.
Alors oui tu as peut être évolué, tu n'es probablement pas aller avec d'autres meufs me deconsiderant aux yeux de toi et des autres (raté), comme tu dis tu as décidé que la violence physique envers moi ne t'étais plus acceptable (je ne sais même pas où je suis dans cette phrase), parfois tu me poses des questions et tu respectés sans t'énerver certains de mes choix. C'est si rare que je tremble d'angoisse.
C'est impossible de pouvoir te faire confiance et compter sur toi émotionnellement. Tout est tellement calibré sur l'enthousiasme et l'impulsivité, tout peut et change tellement vite.
Dans les violences, on parle souvent pour les victimes du choc et de la sidération. C'est pour ça que je n'ai pas agi plus tôt. Parce que ces moments de violence c'est autant de sidération, d'incompréhension. On nous apprend qu'on vit dans un monde violent, avec surtout des hommes violents, mais personne nous apprend comment réagir, comment vivre avec. Et tu en as profité.
Et cette incompréhension persistante, pourquoi cela arrive? Pourquoi il prend ce droit de dépasser les limites?

[La honte doit changer de camp]

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Le 19 décembre

Muscade. Au début une fois en rigolant tu as dis que tu allais la tuer. Et puis tu as insisté. Face à mon malaise, tu t'es énervé 'ce n'est qu'un chat'. Je n'en ai pas dormi de la nuit.

Pendant longtemps tu avais ce rapport étrange, malsain, avec elle. Jaloux de la relation que j'ai avec elle, qu'elle me regarde, que je la connaisse bien. Et oppressif, tu la pourchassais, lui faisait peur, râlait très fort quand elle ne faisait pas ce que tu voulais et répéter à l'envie combien elle est nulle.

J'avais honte. De toi. Et pour moi de me retrouver à avoir peur elle, a ne pas savoir la protéger.
Je te voyais imposer ta domination sur cet être de 3 kilos qui vraiment ne pouvait rien faire.

La dernière fois qu'on s'est vu, elle s'est tenue éloignée de toi. Depuis elle n'a jamais été aussi proche de moi.

Dominer un être plus vulnérable que soi c'est facile, mais surtout pathétique et honteux. Tu es pathétique et devrais avoir honte.

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Le 20 décembre

Quand je t'ai quitté, tu ne comprenais pas. Ce n'était pas faute de t'avoir prévenu, alerté même. Je ne t'ai jamais caché que tu étais violent, que tu me faisais souffrir. Je t'en ai proposé des pistes, et je te voyais suivre les tiennes et puis les oublier.
Ce n'est pas faute d'avoir été patiente, tolérante. D'avoir mis des choses en place petit à petit pour me protéger, avertir mes amies 'j'ai peur de mon mec', avertir tes ami•es 'ton pote me fait peur', nos relations en commun 'en fait il est exécrable avec moi, j'ai peur qu'il me frappe, je ne dors pas'. Personne n'a jamais douté de moi, même si certain•es ont détourné le regard. Chaque fois que je disais ça, que je partageais ma condition de victime de toi, j'espèrais que cela change, parce que je méritais mieux. Je t'ai posé un ultimatum 'la prochaine fois je pars', une semaine plus tard tu me sequestrais dans notre chambre. Je suis partie de la maison, mais je ne t'ai pas quitté, tu as considéré ça 'comme un cadeau'. Ma peur de ta violence physique a diminué car j'étais plus loin de toi. Tu as continué d'être dénigrant, maltraitant de ne penser qu'à toi. Et de me reprocher que tu sois un agresseur. Sans jamais considérer que si tu es l'agresseur, j'étais surtout ta victime.
Il n'y avait que toi qui comptait. Aujourd'hui, je me rends compte qu à côté de l'espoir je me construisais une voie de sortie.

C'est ta faute, cela devrait être ta peine.

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Le 21 décembre

Tu ne voyais pas le problème. Parce que tu ne voulais te regarder en face.

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Le 22 décembre

En fait ce qui m'a fais tenir, survivre à tes côtés sans avoir trop envie de mourir pour me sortir de cette situation, c'est que j'arrivais à m'organiser pour régulièrement partir une semaine. Pour ne pas péter les plombs, m'arracher les cheveux, me jeter sous un bus, respirer et continuer à travailler, avoir des activités en prétendant que ce que tu me faisais vivre n'était pas grave. Je partais une semaine, bien entourée, concentrée sur moi même, ma liberté. Je me ressourçais et je n'avais jamais hâte de rentrer. Sans ça, je ne sais pas ce que j'aurais fais.
Et tu disais 'mais en ce moment ça se passe bien'. Ça se passait bien quand j'étais loin de toi.

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Le 23 décembre

17. 20. 21. 22.

Violentomètre

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Le 24 décembre

J'ai une amie qui m'a avoué être soulagée que je te quitte. Je ne lui avais pas dis grand chose, peut être qu'elle ne connaissait que l'épisode de la séquestration. Lorsque je l'ai annoncé à ma mère, elle m'a dit 'en même temps...', mon téléphone la mise en attente. Cela fait plusieurs mois qu'on ne parle plus de toi avec elle. Depuis Noël dernier en fait.

Tu sais ce que c'est lorsque les gens qui t'aiment ont peur pour toi? A cause d'une autre personne?

Moi oui.

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Le 25 décembre

🎄❄️ Noël ❄️🎄

Je t'aimais tellement, c'est dingue. Et tu me maltraitais.
Je ne veux plus que nos chemins se croisent. Et je ne veux pas avoir à faire en sorte que nos chemins ne se croisent pas. C'est à toi de le faire.

Aussi. Ce calendrier m'a permis de me rendre compte d'une chose. C'était grave. Je pose une main courante contre toi.